Les prix des loyers sont en baisse à Québec pour la première fois… en 17 ans

Marie-Julie Langlois de la firme Girescom pose dans un logement à louer depuis quelques mois, rue Sainte-Anne, dans le Vieux-Québec. Un mois gratuit est offert.

PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈREMarie-Julie Langlois de la firme Girescom pose dans un logement à louer depuis quelques mois, rue Sainte-Anne, dans le Vieux-Québec. Un mois gratuit est offert.

Le nombre élevé de logements disponibles dans la région de Québec est en train de tourner à la faveur des locataires. Depuis le début de l’année, on note une forte pression sur les prix des loyers à la baisse. Du jamais-vu depuis 17 ans, a constaté Le Journal.

La construction «excessive» de nombreux immeubles locatifs depuis deux ans à Québec provoque une vive concurrence entre les propriétaires, indique la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Résultat: les locataires ont l’embarras du choix. Le taux d’inoccupation qui était à 2 % en 2012 dans la région métropolitaine de Québec avoisine aujourd’hui les 6 %.

«Il est très probable de voir une baisse des prix des loyers pour l’année 2016», soutient l’analyste principale de la SCHL, Élisabeth Koulouris.

Depuis 1999, les prix des loyers n’ont jamais cessé d’augmenter dans la capitale. Une baisse annuelle signifierait un premier répit en 17 ans pour les locataires.

Dans plusieurs arrondissements, la SCHL note des baisses de prix des loyers. Des logements qui se louaient 800 $ il y a à peine un an trouvent preneur à 750 $ en plus d’un mois gratuit.

Des incitatifs

Certains propriétaires vont même jusqu’à offrir des tablettes iPad, des bons d’achat (épicerie et essence) et des mois gratuits.

«Il faut s’adapter. Le marché n’est plus le même qu’il y a 5 ans. Il faut être très proactif actuellement pour se démarquer», souligne la directrice de la firme de gestion immobilière Girescom, Marie-Julie Langlois.

Le modèle des cadeaux et des gratuités est toutefois loin de faire l’unanimité.

Au groupe immobilier Arbois, qui détient près de 2000 logements à Québec, on paie les frais de déménagement. «Mais on ne donne pas de mois gratuits», précise le directeur Richard Lalonde.

Le gestionnaire Éric Brideau de la firme Gescorp préfère offrir des prix plus bas à ses locataires. «Ça nous assure de la stabilité et ça ne brise pas notre modèle d’affaires», dit-il.

À cause de certains investisseurs

Ce dernier croit que certains promoteurs, liés à de gros fonds d’investissement, sont en train de faire très mal au marché immobilier de Québec en multipliant la construction de logements locatifs.

Il est d’avis que les prix des loyers vont demeurer sous pression encore pour longtemps à Québec. «C’est comme dans les années 90. Il y avait alors un important surplus de logements. Le marché a pris 8 ans à digérer le tout et à revenir à l’équilibre», avance-t-il.

PRIX D’UN LOYER 4 1/2 À QUÉBEC

2001 – 538$

2003 – 567$

2005 – 621$

2007 – 641$

2009 – 676$

2011 – 718$

2013 – 757$

2015 – 788$

UN BLOC DE 20 APPARTEMENTS À LOUER AU COMPLET À LÉVIS

Sur la rive sud de Québec, un bloc de 20 appartements flambant neuf est à louer.

«C’est un secteur très demandé. On n’aura pas de problème à le remplir. On a beaucoup d’appels actuellement», soutient le courtier Steeve Morin, de la bannière Remax.

Ce dernier a la tâche de louer 15 logements de type 4 1/2, et 5 logements de type 3 1/2. Les prix varient entre 1050 $ et 1150 $ par mois.

Le promoteur immobilier n’offre pas de mois gratuits, mais beaucoup d’extras, comme des planchers chauffants et une terrasse sur le toit, précise M. Morin.

Le bloc construit il y a à peine quel­ques semaines boulevard Guillaume-Couture, dans le secteur de Saint-Romuald, est également à vendre pour la somme de 4,32 millions $.

Marché difficile

À Lévis, plusieurs propriétaires d’immeubles contactés par Le Journal trouvent le marché de la location très difficile par les temps qui courent.

«Nos pires concurrents sont les logements sociaux avec leur règle des deux mois. On ne peut rien faire même si un bail a été signé», explique le promoteur immobilier Steeve Blanchette.

Ce dernier dit avoir récemment vu trois locataires partir d’un coup pour aller vivre dans des logements sociaux livrés sur le tard à l’automne.

«Trois locataires qui partent en même temps occasionnent des pertes de revenus énormes. On parle de 2250 $ par mois. Et comme on n’est pas en juillet, ça prend de trois à six mois à relouer avec des mois gratuits. Ça peut vite occasionner des pertes de 10 000 $ pour un immeuble de 20 logements», estime M. Blanchette.

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